Ces chiffres, issus du baromètre de l’EBG, mené avec Informatica et fifty-five, révèlent une vision data largement considérée comme un levier de croissance déterminant pour les entreprises. L’EBG a interviewé, pour vous, Sylvain Goussot, VP Carrier Services, Big Data and Innovation chez Bouygues Telecom. Ce dernier revient sur la construction d’une vision data permise par “un modèle centralisé”.

Quelles ont été les étapes de construction de la vision data de Bouygues Telecom ?

Dès notre création, en 2000, nous nous sommes attachés à travailler le stockage et l’exploitation des données issues de l’outil industriel et des processus à des fins de qualité de service et de marketing, via un data warehouse.

Nous avons alors renforcé nos compétences analytiques et statistiques, ainsi que nos capacités à piloter l’entreprise avec les données.

“Mi-2010, le big data émerge. En 2016, l’entreprise fait alors deux choix stratégiques : la mise en place d’un datalake et le développement d’un centre de compétences autour de la data science et de l’Intelligence Artificielle.”

Sylvain Goussot, VP Carrier Services, Big Data and Innovation chez Bouygues Telecom.

Comment vous êtes-vous organisés autour de la data ? 

Il n’existe pas de CDO chez Bouygues Telecom, car nous sommes tous porteurs du sujet. En tant que directeur de l’activité big data, les missions qui m’ont été confiées sont d’animer la transformation de l’entreprise par la donnée, d’assurer la pérennité et le développement du centre de compétences data et mettre en place la gouvernance.

Nous nous sommes organisés en triptyque : des collaborateurs IT pour traiter les sujets de stockage et de qualité des données, des data engineers et des data scientists dédiés à la création de valeur pour les métiers et à la conformité des traitements qui s’appuie entre autres sur la direction juridique.

Depuis 2016, nous fonctionnons sur un modèle centralisé qui permet à la fois de gérer la charge des différents projets data en y affectant plus ou moins de collaborateurs et d’avoir une émulation et une capitalisation de compétences. Ce sont des profils assez volatiles et très demandés !

Ce modèle nous correspond bien, car tous nos collaborateurs travaillent sur un même site, nos chaînes de décision sont courtes et l’organisation est transverse. La centralisation peut toutefois éloigner les équipes data des objectifs business. Pour pallier cela, nous avons créé une fonction de chef de projet qui joue un rôle de courroie de transmission.

Selon vous, la fonction de Chief Data Officer est-elle pérenne ? 

Comme tout poste de transformation, sa durée de vie est probablement limitée. Il restera tout de même des enjeux de gouvernance des données et d’animation des compétences et il y a toujours d’importantes évolutions technologiques.

Les algorithmes de l’intelligence artificielle ont renouvelé, entre 2015 et 2018, les sciences de la donnée. Depuis 2019, l’écosystème travaille sur leurs usages autour du langage, de la compréhension de texte, de la vision, de la détection des images et des informations. La transformation est toujours en marche !

“Comme tout poste de transformation, le Chief Data Officer a probablement une durée de vie limitée dans l’entreprise.”

Sylvain Goussot, VP Carrier Services, Big Data and Innovation chez Bouygues Telecom.